Combats paradoxaux

Une victoire qui sonne comme une défaite et inversement : deux batailles de l’Histoire de France, La Bérézina et Camerone, sont narrées en BD.

Après Castillon (juillet 1453) et Valmy (septembre 1792), deux nouveaux albums de la série Champs d’honneur, qui en comptera cinq, viennent de paraître. À travers des batailles emblématiques, le scénariste Thierry Gloris (souvenez-vous l’excellent Malgré nous), accompagné, à chaque fois, d’un dessinateur différent, livre une intéressante réflexion sur les composantes de l’identité française. Pour La Bérézina (novembre 1812), il a collaboré avec Andrea Mutti, plus connu comme auteur de comics, même si on lui doit l’excellent et sombre polar Nero. Le lecteur suit les trajectoires entrecroisées de deux hommes, emblématiques de cette période troublée : Amaury de la Buissonière, noble dont le père est mort en défendant Louis XVI s’est engagé dans l’armée du Tsar Alexandre pour lutter contre Bonaparte, tandis que François Berget est médecin dans la Grande Armée. Ils se rencontrent à Austerlitz et, même si tous les oppose sur le plan politique, deviennent amis : leurs destinées épousent celles de la geste napoléonienne jusqu’à La Bérézina, épisode narré avec grande précision, que ce soit dans le scénario ou les dessins fourmillants de détails. Cette victoire tactique majeure pour les Français est cependant une défaite morale et stratégique, puisqu’elle marque le début de la chute de Napoléon… Le nom entrera même dans le langage commun comme synonyme d’échec. Camerone (avril 1863) est un autre événement paradoxal : défaite militaire incontestable, cet engagement d’une poignée de Légionnaires opposée à des milliers de soldats mexicains est devenu un mythe fondateur. Il est ici narré par le prisme d’une rencontre entre deux hommes (qui ont réellement existé), celle de Jean Danjou, militaire de vocation dans la France des années 1850, et d’un légionnaire allemand nommé Wensel. De l’Algérie à la Crimée, la Légion baroude : en 1861, ils embarquent pour le Mexique. Le reste est le fait de gloire originel de la Légion (qui avait déjà inspiré Antonio Hernández Palacios et Jean-Pierre Gourmelen pour un anthologique Mac Coy) mis en images avec un réalisme efficace par Joël Mouclier.

La Bérézina et Camerone viennent de paraître chez Delcourt dans la série Champs d’Honneur appartenant à la collection Histoire & Histoires (15,50 € chacun)
www.editions-delcourt.fr

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