Bulles antiques

Deux épisodes mythologiques – L’Iliade et l’histoire de Prométhée – et une plongée dans la démence de Caligula : trois BD de la rentrée nous entraînent dans l’Antiquité.

Les deux premiers opus d’une nouvelle collection viennent de paraître chez Glénat : initiée par Luc Ferry La Sagesse des mythes est, pour son concepteur, un moyen de « rendre accessible la mythologie grecque à tous », permettant à chacun d’en « saisir le sens extraordinairement profond […] tout en conservant une exigence universitaire dans les sources et la fiabilité historique ». Cette dernière se manifeste dans un cahier d’une dizaine de pages, dossier pédagogique érudit et agréable à lire, rédigé par le philosophe qui écrit également la trame de chaque récit métamorphosée en scénario par Clotilde Bruneau. La saga débute avec Prométhée et la boîte de Pandore : se concentrant sur les récits tirés du Protagoras de Platon et de la Théogonie d’Hésiode, nous est narrée l’histoire de la naissance des Hommes créés par des Dieux pleins d’ennui après leur victoire sur les Titans. Ce bel opus est servi par le dessin réaliste – parfois puissamment onirique – de Giuseppe Baiguera. Dans son esprit, il se rapproche du trait de Pierre Taranzano, auteur de La Pomme de discorde, premier volet des trois que comptera L’Iliade. Cette proximité graphique est souhaitée par le directeur artistique d’une épopée éditoriale (prévue pour compter au moins une trentaine d’albums), Didier Poli qui souhaite une vraie « homogénéité ». Pari réussi dans les deux ouvrages qui nous occupent : une lecture rendue agréable par un découpage soigné permet au lecteur de se replonger avec jubilation dans les replis d’histoires fondatrices. Suivront en novembre le premier volume d’un triptyque dédié à Jason et Thésée et le Minotaure.

Au même moment sort le quatrième volume de Roma, fresque historique et fantastique (prévue en treize étapes) sur l’éternité de Rome initiée par le regretté Gilles Chaillet (disparu en 2011 et notamment créateur de Vasco). L’idée ? Parcourir l’histoire de la Ville éternelle à travers la malédiction du Palladium, idole d’orichalque emprisonnant Ker, une divinité maléfique. À chaque nouvel album (complété par un éclairant dossier pédagogique rédigé par Bertrand Lançon, professeur émérite d’Histoire romaine à l’Université de Limoges), un dessinateur différent s’empare de la série. Pour La Chair de mon sang – se déroulant sous le règne de Caligula – officie l’excellent Christian Gine. L’auteur des mythiques Capitaine Sabre ou Neige fait merveille avec son trait au réalisme rugueux rappelant curieusement, dans son esprit, le travail eighties de Michel Duveaux auteur d’une Messaline mythique (et très cul) et d’un Caligula, dans le même esprit… Est décrite l’époque du plus cinglé des empereurs : orgies priapiques et lubriques, triomphes délirants d’une armée rapportant comme butin des… coquillages, décapitations en série, jeux du cirque ubuesques, etc. Quelle peut bien être le rôle du Palladium gardé par les vierges vestales dans cette sinistre affaire ? Le lecteur le saura en se plongeant dans une haletante BD.

9782344001646-x9782344001660-x9782723499743-xProméthée et la boite de Pandore (14,50 €), La Pomme de discorde, premier opus de L’Illiade (14,50 €) et La Chair de mon sang, tome 4 de Roma (14,95 €) sont parus chez Glénat

www.glenat.com

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