Bonne meuf

© Jean Counet

Aujourd’hui, même après le lynchage post-Victoires de la Musique, Orelsan se sent comme une « bonne meuf » qu’on flatte et dragouille. La Fête est finie ? Son dernier album, certes plus “adulte”, shake fermement répliques tapageuses et beats casseurs. Simple. Efficace. Basique.

Fini les bêtises, les soirées à se “mettre minable” au whisky / coca et les lendemains qui déchantent avec black out et gueule de bois carabinée. Bonjour la vie (de couple) et les amis (de choix) : les jumelles d’Ibeyi, le pote Nekfeu, le maestro Stromae ou le Maître Gims (avant de vous moquer, écoutez l’excellent Christophe) sont venus poser leurs voix sur son nouvel album, La Fête est finie. La fiesta, terminée, vraiment ? Si le rappeur a gagné en maturité, il n’a pas perdu son sens du rythme grime (Dizzee Rascal, digne représentant du genre, est présent sur le disque), son flow fiévreux et sa passion pour le rap à l’anglaise (Dans ma ville, on traîne, semble faire un clin d’œil Mike Skinner de The Streets), son art de la punchline fendarde et sa capacité à écrire de futurs standards rapistiques. Défaite de famille est déjà un classique avec ses répliques assassines et sa description d’une réception pathétiquement alcoolisée, à « chanter Les Démons de minuit et manger de la mousse de canard sur des blinis ». Avec Gringe, il y a deux ans, au sein du duo Casseurs Flowters, il chantait : « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent à l’heure où je me couche. » Aujourd’hui, rangé des voitures, il vit paisiblement (enfin presque), en couple. « À 20 ans, j’avais peur d’avoir une vie trop “normale”, mais aujourd’hui ça va… », nous confie-t-il. Orel sort moins de chez lui où il bosse entre deux sessions d’écoute de nouveautés hip-hop. Parmi ses 46 gigas de MP3, on trouve des titres de Post Malone, XXXTentacion, Spekta, J Hus… « Sinon, comme tous les quatre ans, j’ai actuellement mon revival Sade que je réécoute en boucle grâce à ma cassette audio : oldschool ! » Son troisième long format n’est pas vieux jeu, lui. Sur cet album plein à craquer de morceaux taillés comme des sabres de samouraï pour devenir des hits, le rappeur de Caen apparaît en ninja, référence aux fines lames du Wu-Tang et au ciné asiatique dont il s’est nourri goulument. Le guerrier japonais qui prend le métro représente, selon Orelsan, « un type qui n’est pas à sa place » dans ce monde à la semblance d’un PMU où chacun donne son avis sur tout ou n’importe quoi et où Facebook est pire que le bistrot du coin. Rien ne l’étonne ici bas, imaginant même l’instauration de carrés VIP dans les établissements scolaires. Pas impossible…


Au festival We Love Green (Paris), samedi 2 juin
À La Magnifique Society (Reims), vendredi 15 juin
Aux Eurockéennes (Belfort), jeudi 5 juillet
Au Zénith de Nancy (avec Nekfeu), jeudi 12 juillet
À La Rockhal (Luxembourg), jeudi 18 octobre

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