1+1=3

© Pascal Bastien

La culture a été jusqu’ici le parent pauvre des politiques européennes, parce qu’elle a été confondue avec l’histoire des nations. On en a tiré une définition plus identitaire que celle de la diversité culturelle, faite de la multiplicité des héritages culturels et de leur interpénétration. Si le cinéma allemand intéresse tellement les Français, c’est qu’il connaît un renouveau, après avoir été un art suspect en raison de son rôle dans la propagande nazie.

 

Connecté aux sensibilités nationales, ce sujet délicat a pourtant été de suite présent dans le rapprochement franco-allemand. La raison en était simple : les relations culturelles entre les deux pays ont une longue histoire d’inspiration et d’émulation réciproques. Si des artistes allemands sont venus par le passé en France chercher la liberté de création, aujourd’hui nombreux sont les artistes français qui choisissent Berlin pour son ambiance non conventionnelle et stimulante. La coopération culturelle a été soutenue au travers de nombreuses initiatives (comme ARTE, une aventure à laquelle nous sommes très attachés) en matière de littérature et d’édition – la France sera l’invitée du Salon du livre de Francfort –, de musique, de cinéma, de théâtre… Elle s’est renforcée par la vigueur des échanges de jeunes, la vitalité des jumelages. Pour notre région rhénane il s’agit de faire plus : additionner nos capacités professionnelles et les moyens de création et de diffusion pour trouver ensemble la dimension européenne. 1+1 ne font pas 2 mais 3.

Quand nos budgets baissent au niveau national et dans certains Länder, il est indispensable de mutualiser davantage nos moyens (lieux de diffusion, métiers techniques du spectacle, ateliers…). Partager la recherche d’un nouveau modèle économique pour la création passe par le rapprochement entre créateurs, entrepreneurs et investisseurs, non seulement en soutien aux filières de l’industrie culturelle, mais aussi pour renforcer les compétences entrepreneuriales des entreprises créatives, du design au groupe musical en passant par l’architecture ou l’illustration. C’est ce que nous avons entrepris avec l’Université et l’association ACCRO qui organise maintenant les concours Tango et Scan, avec les acteurs de l’ESS (comme Artenréel), du numérique comme Alsace Digitale, avec l’incubateur Semia et bien d’autres initiatives inscrites dans la French Tech, avec le Shadok, les FabLab ou le Salon Résonances. Il s’agit à présent de mobiliser les moyens de financement des programmes européens, les mécénats et le crowdfunding. Les fondations anciennes ou plus récentes comme la dernière-née, la Fondation rhénane pour la Culture / Kulturstiftung Oberrhein, peuvent devenir des acteurs du financement, sans amoindrir pour autant la responsabilité publique qui est de garantir le soutien et l’accès à la création.

 

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